A 17h nous levons l’ancre et quittons le mouillage de rêve de la Graciosa. Le vent « alizéen » NNE, force 4, gonfle la GV et le génois et nous avançons à 6N de moyenne jusqu’au lendemain matin où nous touchons la bulle anticyclonique prévue. La mer est d’huile , quelques dauphins et quelques bouts de bois. Mais non, ceux sont des tortues par dizaines qui se laissent dériver.
Le téléphone Iridium ne fonctionne plus, une mise à jour intempestive de Windows a bloqué tout.
Faut-il aller vers l’Ouest ou vers l’Est pour se sortir de ce calme plat. Alors fatalistes et plaisanciers plutôt que régatiers nous décidons d’attendre comme du temps de Christophe Colomb où les moteurs n’existaient pas. Nous sommes seuls au monde, plus un seul cargo pendant plus de 48h n’apparaît sur l’écran AIS. Nous assurons la veille tout de même et nous en sommes récompensés.
Une fortune de mer , une belle bouée ronde avec une longue amarre, apparaît. Nous dérangeons une sterne qui s’y reposait et piaille vigoureusement de colère quand nous la récupérons.
Les occupations ne manquent pas à bord, lecture, pêche au thon, sport, séances relaxation, musculation, changement de pavillon à l’approche de Madère et apéritif lors du passage du 10 000ème miles au compteur de l’Ericante par 31° 38′ N et 15°24’W. En réalité nous avons dû les passer depuis un bon moment car notre loch est en panne et nous affiche des distances réduites de moitié à chaque pointage de « trip ».
Comme nous n’avons ni vent ni météo depuis 2 jours nous décidons de faire escale à Porto Santo.
Eric y passe quelques temps à se battre avec le petit pc et l’iridium et après avoir consommé plusieurs précieuses minutes de connexion et plusieurs appels en France avec le vendeur de l’Iridium arrive à débloquer la situation.
Une tarte aux pommes et une bougie pour marquer l’anniversaire du capitaine le 21 avril.
Nous retrouvons l’équipage de Synergie et faisons connaissance avec Marcel dit Eric et Lucky son chat récupéré au Brésil il y a plus de dix ans maintenant. Un solitaire qui navigue à l’ancienne avec ses cartes papiers sur un petit voilier bien fatigué et arrive à bon port Il a vécu plusieurs jours de pétole avec inquiétude voyant ses réserves alimentaires diminuer dangereusement. Cette escale nous permet de découvrir un excellent restaurant à la Calheta au sud de l’île. Une cuisine portugaise raffinée, un service agréable dans un site
remarquable. Nous vous le recommandons.
Enfin le 26 avril après une semaine d’attente de vents favorables et surtout assez forts nous partons à 15h. La mer est agitée mais le vent ENE oscillant entre 12 et 18N nous fait parcourir 139 miles en 24h. Le vent faiblit doucement le 28 au petit matin un coup de moteur pour avancer et à 9h nous avançons sous genaker seul à 3,5 N par vent d’Est, la nuit sous GV et génois, le 30 nous retombons dans l’anticyclone par 6N de vent nous avançons à 2,8N
Enfin à l’approche des Açores le 1er mai, le vent se lève et nous serons obligés de réduire la toile pour arriver le lendemain de jour dans le petit port de Vila Do Porto . A 9h30 le 2 mai nous sommes amarrés et découvrons avec étonnement une île verte avec des muretins en pierre, des vaches et un ciel changeant qui tous les matins laisse tomber une fine pluie brumisante. La température est autour des 20° toute la journée. Nous sommes enfin aux Açores dont les marins rencontrés nous ont si souvent parlés.