Arrivés depuis un mois aux Açores, une courte saison printanière s’offre à nous pour explorer cet archipel vert.
La principale caractéristique à prendre en compte dans notre projet est l’éloignement des îles entre elles et les vents dominants qui sont d’Ouest. Au plus tard début juillet nous devons ramener le bateau en Méditerranée pour notre prochain hivernage et trouver le port sécurisé qui gardera l’Ericante au sec durant notre séjour en Bretagne. Plus de 1000 miles qu’il n’est pas agréable de parcourir en septembre lorsque le cycle des perturbations automnales s’installe à un rythme régulier.
Nous avons 2 mois pour naviguer dans l’anticyclone des Açores.
L’île de Santa Maria, du vendredi 2 au samedi 10 mai 2014
Le 2 mai les deux pontons du port récemment bien protégé et aménagé de Vila do Porto reçoivent les premiers bateaux de voyage. Nous y retrouvons 3 voiliers croisés aux Canaries et les premiers yachts de croisière de luxe de retour des Caraïbes qui rejoignent les Baléares pour leur saison méditerranéenne. Le petit port est propre et les formalités d’entrées douane, police et immigration sont rapides. L’eau chaude des sanitaires au débit tonique sera comptabilisée sur notre bonne foi au moment du départ. On nous fera payé 1,10 € par douche déclarée. Jouer le jeu est la garantie de préserver la bonne relation de confiance ressentie tout au long de nos escales açoriennes.
Le village, plus grande des cités de la petite île de Santa Maria, est longiligne et surtout accessible par un raidillon de gros pavés rustiques. Il comporte un marché municipal avec 2 poissonniers et 2 bouchers. Les 4 échoppes de fruits et légumes complémentaires permettent un approvisionnement frais de bonne qualité.
La plus belle randonnée part du port jusqu’à la plage Formosa à l’Est. (Appeler un taxi pour le retour de 8km par la route). Le décor est bucolique et printanier. Les fleurs les plus variées essaiment leurs parfums et couleurs dans un paysage reposant où les vaches regardent passer les bateaux. Le chant des grenouilles omniprésentes dans les moindres ruisseaux de l’île accentue l’aspect campagnard de Santa Maria. Les hautes cheminées des maisons blanches bien spécifiques à cette île sont très larges signalent la présence d’un four.
Nous cheminons autour le l’île en voiture de location. Nous avons aimé le bel escalier menant à la chapelle de Fatima sur la côte Nord, visible du point culminant de l’île, la baie de Sao Lourenzo avec ses vignes en terrasses au dessus de ses eaux turquoises, le petit village de Santa Barbara et la baie de Maïa dominée par la pointe de Castelo. Un jeune couple de navigateurs venant d’acheter une ruine sur quelques arpents de terre pour y pratiquer une agriculture bio nous indique qu’au fond de cette baie une jolie cascade mérite le détour. Il nous restera à la voir lors d’un prochain passage.
L’ombre de notre escale à Santa Maria
L’ile de Sao Miguel, du dimanche 11 au jeudi 22 mai 2014
L’ étape peu ventée de 60 miles entre les deux îles est marquée par des soucis de gréement.
Lors de la prise de ris pour éviter de déventer le gennaker, la grand voile refuse de descendre et un sinistre bruit de déchirure nous blesse les oreilles. Eric monte jusqu’à la 1ère barre de flèche voir, une vis du rail de drisse dépasse et bloque les chariots. Il descend, remonte avec les outils pour enlever cette vis. Finalement les dégâts sont minimes : la couture d’un gousset de latte a craquée. Après ce petit coup d’adrénaline nous repartons quand un nouveau bruit de claquement bref nous déconcerte.
Échange de regards, observation et constat : la position du gennaker s’est modifiée. La haut, en tête de mât, la poulie de drisse du gennaker pendouille à 50 cm de sa place d’origine. La voile porte bien et le bateau avance, nous continuons, au moment de l’affaler nous verrons bien, il nous reste 32 miles. La garde robe d’ l’Ericante commence à faiblir.
Heureusement que notre destination Ponta Delgada est bien équipée en tous corps de métier naval. Nous planifions déjà la révision du gréement, la réparation de la G.V. Et d’effectuer nous même le carénage. Avant la tombée de la nuit l’affalage du gennaker se déroule bien, ouf!
24H plus tard à 7h30 l’Ericante est amarrée à la place 15 du port de Ponta Delgada.
Un douanier en 2 roues électrique debout – du nom de Segway nous apprend Wikipedia- nous remet une carte sésame qui ouvre la porte du ponton et des sanitaires. Le lundi matin, nous passons dans les 5 chapelles qualifiées ainsi par les mariniers de la marina. Premier bureau plutôt un guichet d’ailleurs, c’est la douane, puis plus grand avec 2 personnes la police maritime puis le service d’immigration très spacieux avec une personne puis le bureau de la marina et enfin un tout petit à gauche je ne sais pas trop bien à quoi il sert mais tous les papiers ont un cachet. Le pèlerinage a été très rapide, emprunt d’un certain humour et surtout de beaucoup de gentillesse.
Arrivée de Papillon à Ponta Delgada rencontré à Porto Santo, à La Palma, à Santa Maria et ici. « Il n’y a que les montagnes qui ne se rencontrent pas » a-t-il l’habitude de nous dire au moments des départs.
Nous sommes dans un grand port et la plus grande ville des Açores. Les cargos et paquebots de croisière libèrent leurs cargaisons et des flots de touristes souvent un peu obèses pour ce qui restent sur les magasins du quais. Les églises imposantes et monuments de murs blancs encadrés par la pierre noire de lave. Tout ceci dans un style baroque assez lourd. Les magasins chinois ont envahis les rues de la ville. Nous retrouvons les trottoirs aux motifs marins faits avec les petits pavés blancs et noirs typiquement portugais.
Nous laissons dans l’atelier d’Anny près du bureau des formalités notre grand voile à recoudre et Thomas va vérifier tout le gréement. La poulie de la drisse de gennaker s’était «simplement» ouverte. Sur un voilier norvégien Eric verra la solution par la pose d’un collier sur la fermeture de la manille comme sur celle de mouillage. Un bas haubans est à changer, un toron a lâché.
Helder Jb Electronics, professionnel remarquable, parlant français, change la carte électronique du loch et de l’anémomètre qui ont grillé depuis un certain temps et nous indiquait des informations fantaisistes.
L’Ericante est dans le sas de sortie d’eau pour effectuer sa peinture sous marine à 9h précise le 19 mai. Le travel lift est occupé par un voilier autour duquel s’agitent 4 ou 5 personnes qui essaient en vain de lui remettre son safran. 1 heure passe, rien ne va. Enfin le travel lift approche et les sangles sont positionnées sous l’Ericante.
Le conducteur s’arrête et nous demande d’enlever l’étai de genois et de trinquette ou d’enlever le pataras sinon le gréement touchera le haut de son engin. La goutte d’eau…, rien n’était prêt et il n’avait pas anticiper ce fait alors qu’il nous montre de plus gros voiliers qu’il a sorti de l’eau. Nous refusons d’enlever une partie du gréement pour une mise au sec de 2 jours. A la réponse «tout est possible vous savez» nous préférons annuler la sortie de l’eau, comment se passerait le calage, la confiance est perdue. Nous devrons le sortir de l’eau en juillet lorsque nous le laisserons à l’entrée de la Méditerranée. Il n’y a aucune urgence.
Le tour de l’île en voiture de location avec Murray, notre navigateur anglais retrouvé nous a laissé un bon souvenir. Les grands lacs, le bain chaud dans le grand parc arboré Terra Nostra, Dominique, nous avons pris notre bain ensemble cette fois çi! la visite de la fabrique de thé Gorranea, culture unique en Europe sont incontournables. Les
paysages sont beaux. Le marché municipal nous offre des fruits et légumes frais succulents à des prix imbattables. Tout est cultivé sur place. Les filets de l’Ericante se remplissent d’ananas juteux, d’oranges, de pommes de terres, oignons et poireaux. Le fromage Azul produit dans l’île de Sao Jorge est excellent et nous fait presque oublier notre plateau de fromage français, par contre le formage de chèvre dur et piquant est à déconseiller. Le rallye auto des Açores s’est déroulé durant notre séjour et avait ses stands dans le port mais les bruits de pétarade ne nous ont pas vraiment dérangés et la visite des écuries s’est même révélée intéressante. Les route secondaires de l’île se prêtent tout à fait à ce genre d’épreuves où tous les premiers mondiaux étaient présents.
L’équipage de Spica, pogo de 10,50m, sera notre nouvelle belle rencontre dans ce port. Charles Henri et Eric ont avalé les miles depuis La Rochelle sur leur bolide de croisière. Un repas d’équipage à bord de l’Ericante : échanges de projets de navigations et d’escales, astuces et techniques partagées, la vie à bord est belle
L’île de Pico, du vendredi 23 au jeudi 29 mai
A l’aube alors qu’un grand voilier Volvo Race de 70 pieds faisant du charter avec une navigatrice professeur australienne et un grand suisse client croisés viennent d’arriver au ponton, nous quittons Ponta Delgada. Navigation au près sur un bord de 30h pour 136 Miles sur une mer agitée. Rencontre avec un groupe de cétacés en familles, des dauphins et des puffins.
Le Pico à 65 Miles de l’Ericante se dévoile dans le soleil couchant.
L’entrée dans le petit port de Lajes do Pico est impressionnante avec les roches volcaniques qui frôlent le chenal bien balisé, bien suivre le quai à tribord à la dernière bouée. 2 grandes places visiteurs au catway + 1 au ponton d’accueil tout de suite à droite. C’est tout. Les autres places du 1er ponton, plus petites sont occupées par des locaux et le second ponton est réservé aux zodiacs de découvertes des baleines. Durant notre séjour les balades de touristes en mer ont été nombreuses. La saison touristique, de mai à septembre, a bien commencée. Les français commencent à découvrir cette destination chez les voyagisteLe village est calme et bien abrité. Nous recommandons « Le Whale Come » bien tenu par un couple franco portugais amicaux. La cuisine y est bonne et les gâteaux, 1 pour 2 dans notre cas sont excellents en surfant sur Internet grâce à l’accès free wifi.
Le Pico, plus haut sommet du Portugal, culmine à 2 351 M. Son cône régulier est surmonté par un tout petit sommet bien identifiable appelé le petit Pico. Ce sommet a permis la formation de jolis petits lacs sur les crêtes de l’île, les nuages s’arrêtent et les approvisionnent régulièrement sous forment de petites ou grosses pluies.s et nous en croisons venant de toute la France.
Le village est calme et bien abrité. Nous recommandons « Le Whale Come » bien tenu par un couple franco portugais amicaux. La cuisine y est bonne et les gâteaux, 1 pour 2 dans notre cas sont excellents en surfant sur Internet grâce à l’accès free wifi.
Le Pico, plus haut sommet du Portugal, culmine à 2 351 M. Son cône régulier est surmonté par un tout petit sommet bien identifiable appelé le petit Pico. Ce sommet a permis la formation de jolis petits lacs sur les crêtes de l’île, les nuages s’arrêtent et les approvisionnent régulièrement sous forment de petites ou grosses pluies.
Les vaches, chacune accompagnée de leur petit veau non sevré, paissent en liberté dans un paysage rendu fantastique par le passage plus ou moins dense des nuages.
Il semble que les taureaux ne soient pas en liberté bien que la taille de certaines bêtes peuvent prêter à confusion.
A l’ouest le paysage des vignes cultivées dans les scories de laves et protégés des vents par de hauts murs de pierres noires est classé au patrimoine de l’Unesco. Les moulins à vent au toit rouge colorent ce paysage. A l’est ceux sont les tours de guet blanches des baleiniers qui tranchent sur les parcelles vertes où broutent quelques vaches et chèvres.
Enfin j’ai hésité à adopter un lézard peu farouche et curieux qui s’approchait de nous avec intérêt. Il semblait apprivoisé mais il est sûrement plus heureux sur son mur chaud avec ses amis marrons et verts. Et, le capitaine est très content également.
Nous avons bien aimé cette petite île fleurie et sereine.